Appel urgent par Peuples solidaires: Le 7 mai 2011, des militants du monde entier participeront à la journée d’action internationale pour exiger des conditions de travail décentes dans l’industrie de l’électronique. En chine, 22 employé-e-s de l’entreprise Wintek, un sous-traitant chinois d’Apple, intoxiqué-e-s en 2008 et 2009 au N-Hexane – produit utilisé pour nettoyer les écrans d’iPhones et d’iPads – souffrent toujours de graves problèmes neurologiques. En 2010, Apple défrayait déjà la chronique après une série de suicides d’employé-e-s chinois-e-s de l’usine Foxconn, fabriquant les célèbres iPhones, en raison de conditions de travail devenues intolérables. Aidez nous à faire entendre la voix des travailleurs-euses en exigeant d’Apple des conditions de travail décentes tout au long de sa chaîne d’approvisionnement, signez notre appèl urgent.

Les faits
Entre mai 2008 et août 2009, à Suzhou en Chine, 137 travailleurs-euses de l’usine Lian Jian de Wintek, un fournisseur d’Apple, ont été intoxiqué-e-s au N-Hexane, un solvant hautement toxique utilisé pour nettoyer les écrans d’iPhones et iPads. Ce solvant s’attaque au système nerveux central et cause des lésions neurologiques qui se traduisent en maux de tête, paralysies, faiblesses musculaires et fortes fatigues.


Travailleurs empoisonnés au N-Hexane
Suite à leur empoisonnement, certains travailleurs-euses ont du être hospitalisé-e-s durant plus de 8 mois. Wintek a pris en charge leurs frais d’hospitalisation, qui s’élevaient à 20.000 Yuan (2 000€) par mois, un montant plus de 10 fois supérieur au salaire mensuel de ces ouvriers-ères, qui varie de 1 200 à 2 000 Yuan (124 à 206 euros). La plupart des travailleurs-euses empoisonné-e-s ont quitté l’entreprise avec une indemnité de 80.000 Yuan (8 000€) et l’engagement de ne pas se retourner contre l’entreprise pour des problèmes de santé et frais médicaux futurs. Cependant,  22 travailleurs-euses ont refusé l’arrangement proposé, craignant de devoir assumer seuls les coûts liés à une éventuelle nouvelle dégradation de leur état de santé. Toujours employé-e-s par Wintek, certain-ne-s d’entre eux-elles souffrent aujourd’hui de symptômes nerveux chroniques et se trouvent en incapacité de travailler.

Parmi eux Wan Qiu Ying, 24 ans : « Je me sens extrêmement faible. Je n’arrive parfois pas à tenir mes baguettes ou ma brosse à dent. En fait, j’ai perdu ma capacité de travailler. Dans ma situation, je ne trouverai jamais un autre travail et je n’ai pas les moyens de couvrir les frais de mon traitement médical. »

Apple et Wintek doivent prendre leurs responsabilités
En réponse à la mobilisation des 22 travailleurs-euses, soutenu-e-s par notre partenaire chinois la SACOM,  un représentant de Wintek a déclaré que « L’hôpital local [nous] a signalé que la majorité des travailleurs-euses sont guéris». Un diagnostic invalidé par les examens réalisés dans un hôpital réputé mettant en avant la persistance de leurs symptômes.

Pour sa part, si Apple reconnaît les faits, l’entreprise n’a pas mis en œuvre l’ensemble des mesures nécessaires pour garantir de bonnes conditions sociales. Apple signale avoir exigé de son fournisseur l’abandon du N-Hexane et l’installation d’un système de ventilation, et déclare s’enquérir des rapports médicaux et des traitements promulgués. Si les travailleurs-euses de Wintek confirment qu’un système de ventilation a été installé et que le N-Hexane n’est plus utilisé depuis août 2009, ils-elles indiquent que les produits utilisés en remplacement, l’isopropanol et l’acétone, sont irritants et potentiellement toxiques et que les mesures de protection prises par Wintek restent insuffisantes. Ces deux produits peuvent en effet causer des migraines, des vertiges et à plus long terme, des allergies et des cancers. Les masques en papier distribués aux travailleurs-euses sont impropres à filtrer l’air. Quant au suivi médical annoncé par Apple, force est de constater qu’il n’est pas mis en œuvre correctement.

Alors qu’Apple n’a toujours pas regretté publiquement cette situation, les travailleurs-euses ont rappelé à l’entreprise leurs exigences,  lors de la visite d’émissaires le 22 février 2011: des indemnités reflétant le préjudice subit et tenant compte des négligences d’Apple et de son fournisseur à l’origine de l’empoisonnement, un suivi médical sérieux et approprié ainsi que la mise en œuvre de mesures de protection adéquates.